L’importance des limites : pensées & actions d’un accompagnant !

Abdelhamid Niati
6 min readMay 24, 2023

Tout d’abord, je dois me présenter. Je suis en entrepreneur dans le conseil en stratégie. Une activité que j’aime et qui est diversifiée car elle peut concerner aussi bien la stratégie digitale d’une entreprise que la gestion de ses phases de croissance ainsi que la conquête de nouveaux marchés.

Cette activité est couplée avec une mission bénévole au sein d’une organisation à but non lucratif née en Afrique et rayonnant à l’international. J’y occupe les rôles de content manager et de facilitateur pour les nouveaux arrivants.

Mon activité a connu une belle croissance m’offrant d’un côté une belle exposition mais de l’autre, une sollicitation de tous les instants. Je disais donc oui à toutes mes envies mais surtout à toutes les opportunités. Un « oui » que l’on pouvait retrouver également dans de nombreuses demandes d’aide. Je craignais de passer à côté d’une belle opportunité d’affaire ou une occasion de créer quelque chose de nouveau. Je craignais de décevoir ou de ne pouvoir sauver.

La résultante fut une sursollicitation pour mes compétences via les réseaux sociaux, les mails et le téléphone.

Sur le plan personnel, je n’avais plus de temps pour mes proches et sentais une fatigue s’installer. Je devais donc agir au plus vite pour préserver ma santé et éviter le burn out. J’étais à bout de souffle. Les journées passaient à une vitesse folle sans qu’aucun plaisir n’y soit présent. J’étais dans la performance et l’exécution. Au lieu de vivre, j’exécutais des tâches et évacuai l’instant présent.

Prise de conscience : « Mon activité, synonyme de liberté, ne pouvait se transformer en corvée. Si j’ai déployé mes ailes en 2006, ça n’est pas pour me retrouver en cage, un fil à la patte ».

Je dois savoir pourquoi et surtout pour qui je fais les choses.

Le constat était clair : mes limites n’étaient plus assez clairement définies et donc difficiles à renforcer.

Enjeux

En poursuivant dans cette voie, mon état de santé était en train de se détériorer. Le Burn Out pointait le bout de son nez.

A contrario, en changeant et notamment en mettant en place des actions concrètes, je pourrais m’accorder du temps pour moi et pour mes proches. Par exemple, prendre du temps pour écrire ce roman qui attend son dénouement depuis maintenant 3 ans. Je pourrai aller voir une exposition, participer à un vernissage, moi qui ai la chance d’avoir une offre culturelle conséquente près de chez moi.

Altruisme et empathie sont des valeurs saines selon moi mais comment l’être quand on oublie la première personne à préserver à savoir : soi

Après cette prise de conscience, je me suis posé ces questions :

Qui vois-tu dans le miroir tous les matins ?

Quelle vie veux-tu avoir ?

Comment retrouver le plaisir du « carpe diem » ?

Pourquoi certaines personnes ne respectent mes limites ?

Voici certaines de mes réponses : je ne suis ni pompier, ni policier, ni médecin urgentiste, donc aucune astreinte inhérente à mes fonctions.

Dans le miroir, je voyais l’entrepreneur mais plus l’humain.

Je voulais rester libre.

Le respect n’était pas présent car mes limites n’étaient pas clairement définies aussi bien pour moi que pour les autres.

Je me suis donc fixé un objectif : Clarifier et renforcer mes limites

La première chose que j’ai faite : retirer ma montre. Une action que je faisais uniquement en vacances. Cette action m’a permis de me reconnecter avec mon rythme biologique et non à un rythme artificiel confectionné par mes soins qui vient se superposer sur l’existence. Dans le même temps, j’ai acheté un petit réveil (pour écarter mon smartphone) et l’ai réglé à 22H pour le coucher et 7 H pour le réveil.

Concernant ce problème de surcharge de travail, j’ai mis en place une notification sur tous mes appareils professionnels : 18H00 fin de la journée. Cette alarme existe toujours lorsque vous lisez ces lignes. À 18H00, j’ai commencé par éteindre et fermer mon pc portable pour ensuite aller faire belle marche pour me vider l’esprit. De 18H00 à 22H, c’était du temps pour moi.

Par la suite, j’ai cessé de prendre de nouveaux clients pour me préserver et conserver la qualité qui est ma marque de fabrique.

Dans le même temps, j’ai cessé de travailler le week-end. Ces derniers devaient être préservés à tout prix.

Concernant les sursollicitations, j’ai automatisé les réponses sur mes différents canaux de communication pour inviter les personnes prendre rendez-vous et ainsi inclure le tout dans une journée de travail.

Concernant l’organisation à but non lucratif, des personnes ont été embauchées pour l’ensemble du content marketing. Cela était mieux pour moi et me permettait de rester concentré sur les actions et non plus sur le support (ce qui prend le plus de temps).

Action la plus importante : j’ai commencé par dire non, avec beaucoup de diplomatie, aux demandes de personnes que je ne connaissais pas. En disant non, je me suis dit oui. Je me suis donné des permissions. Celles de vivre, de flâner, de lire, d’écrire, d’éteindre mon téléphone. J’ai grandi sans téléphone portable tout comme les générations précédentes. J’ai dit un peu plus oui à mes activités bénévoles, au sport, à la vie.

J’ai pensé à mes défunts parents en me demandant quelle vie ils voudraient que je mène et une parole de ma mère m’est revenue : repose-toi mon fils.

Je suis avant tout centré sur moi et suis sorti de ma position de sauveur.

Depuis que ces actions ont été mises en place, je mène une existence beaucoup plus apaisée. Je suis ma priorité première car reposé, apaisé et en bonne santé, je serai toujours plus utile et de meilleure compagnie que quand je suis dans la performance et le résultat à tout prix.

J’ai repris l’écriture de mon roman qui attend sa fin depuis 4 ans. Je l’écris avant tout pour moi parce que j’ai saisi une chose : à trop dire oui, on se dilue dans les envies des autres. (Abdelhamid NIATI)

Je fais de magnifiques rencontres tant sur le plan personnel que professionnel. L’humain et l’instant présent passent avant tout. Je ne m’inquiète pas pour mon avenir car au moment présent, il n’existe pas encore.

Aujourd’hui, on me voit autrement. On me voit toujours comme une personne repère, mais non comme une personne à solliciter à n’importe quel moment. Cela se fait uniquement sur rendez-vous. En clarifiant et en renforçant mes limites, ma vie est beaucoup plus simple.

Je conclus ces changements par cette citation de Geoffrey Bruyère, co-fondateur de Bonne Gueule : « il ne faut pas faire reposer son identité uniquement sur ce qu’on fait, mais sur ce qu’on est »

Avant d’être entrepreneur, je suis un humain, un frère, un oncle, un artiste, un ami.

Je conserve mon caractère ambitieux, mais je ne fais pas entrer trop de clients au risque d’être débordé et de voir mes limites s’estomper.

Quels apports dans le coaching ?

En tant que coach, je dois poser des limites claires et précises. Le code de déontologie d’ICF m’aide à le faire en partie car : je ne suis pas psychologue et je ne porte pas ma casquette de consultant quand je coache.

Une limite n’est ni bonne, ni mauvaise en soi parce que tout être à ses limites. Toutefois, il y a les limites qu’on se fixe et celles que nous fixent les autres personnes. On pense notamment aux freins et croyances qui limitent le coaché et peuvent provoquer chez lui un état de déperdition, voire une grande tristesse. Les drivers peuvent également constituer des limites.

Les limites peuvent aussi constituer des freins à nos besoins. À moi d’accompagner le coaché dans la détermination et la satisfaction de ses besoins et le respect de ses valeurs. L’objectif pour le coaché étant de prendre conscience de ce qu’il veut vraiment.

Au cours des séances, il me semble nécessaire de questionner les besoins, les croyances et les valeurs du client.

Que veut nourrir le client ? Quels sont ses besoins ? Quelles sont ses valeurs ? Le questionnement est très important pour savoir ce que le coaché veut. De cette manière, je reste dans l’agenda du coaché.

Abdelhamid NIATI

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Abdelhamid Niati

Writer, content manager and business coach. I am also the Head of people and the Content Manager for a non profit organisation created in Africa.